Devenir Membre
Nouvelles du Secteur

Coupe sans distinction homme-femme

20 mai 2024

SoulStudio Morgane Hendrickx-90

Morgane Hendrickx travaille depuis 2009 dans le secteur de la coiffure. À l’issue de ses trois années de formation en Belgique, elle est partie à Londres, où elle a suivi une formation chez Aveda. De retour au pays, elle a ouvert, en 2017, le salon Dosha avec son compagnon coloriste. En 2020, le salon s’est installé dans un nouvel établissement, qui accueille désormais aussi le salon de beauté de la maman de Morgane. Direction le centre de Gand pour un échange passionnant.

 

Une des caractéristiques du salon de Morgane est que les prix sont les mêmes pour les hommes et pour les femmes. S’il s’agit actuellement d’un sujet brûlant, au salon Dosha, les tarifs neutres sont une réalité depuis des années déjà. Morgane Hendrickx nous explique : « Nos prix ne sont pas basés sur le genre, mais sur la durée du service. Nous appliquons un prix fixe par heure, qui dépend de l’expérience du ou de la coiffeur·euse. Notre temps n’est donc pas plus cher pour les femmes que pour les hommes. Notre tarif inclut toutes les manipulations effectuées pendant l’heure : quels que soient le traitement ou les produits utilisés, il n’y a pas de suppléments. Le ou la client·e ne paie donc pas pour un service spécifique, mais pour notre temps, notre expérience et notre savoir-faire ».

 

Pas de surprises

Un grand avantage de ce mode de fonctionnement est la transparence qu’il offre à la clientèle, comme le confirme Morgane : « Nos client·e·s savent exactement ce qu’ils ou elles vont payer. Tout le monde déteste les mauvaises surprises à la caisse : un supplément pour un produit de soin ou un brushing… Chaque réservation se fait toujours en blocs de minimum une heure. Pour chaque nouveau·elle client·e, nous prévoyons un entretien préalable sans engagement, qui nous permet d’évaluer le temps nécessaire et de le communiquer clairement à la personne. Nous évitons ainsi les surprises pour les deux parties et garantissons le bon déroulement de nos services dans le salon ».

 

Le barbier bon marché

Pour Morgane, c’est en tout cas une bonne chose que la question du genre bénéficie actuellement d’une telle attention. « C’est indispensable », dit-elle. « Quand nous avons ouvert notre salon en 2017, nous n’appliquions pas non plus des tarifs neutres homme-femme, mais on sentait dès le début que ce n’était pas logique. Pourquoi mon temps vaudrait-il moins quand je coupe un homme et pourquoi, si mes journées sont remplies, devrais-je prendre des rendez-vous pour des hommes et des enfants si je gagne plus en coupant des femmes ? Je trouvais cela absurde. Il est vrai que les tarifs à la carte classiques des salons sont en principe aussi basés sur le temps nécessaire pour le service. On part alors du principe qu’il faut moins de temps pour couper les cheveux d’un homme. Cette idée date de l’époque où il y avait des salons distincts pour les hommes et pour les femmes. Quand les salons ont commencé à couper à la fois les hommes et les femmes, on a décidé de demander moins pour les hommes, car on a supposé qu’ils ne voudraient jamais payer autant que les femmes. On avait alors peur que si on appliquait des tarifs trop élevés, ils n’aillent chez le barbier bon marché du coin. »

 

Des attentes revues à la hausse

La conséquence du fait que les coiffeur·euse·s gagnaient moins en coupant les hommes était que ceux-ci bénéficiaient d’un traitement plus expéditif et ne recevaient donc pas la même attention ni le même service. Entre-temps, beaucoup a cependant changé. Morgane Hendrickx : « Il y a bien sûr encore des hommes qui veulent être coiffés en dix minutes à la tondeuse, mais de très nombreux hommes attendent désormais plus de leur visite au salon de coiffure. Beaucoup de salons tiennent compte de ces attentes et ont investi dans une qualité accrue pour les hommes. Toutefois, ils continuent souvent de leur accorder des réductions, car ils pensent qu’ils ne sont pas prêts à payer pour ces services. Autrement dit : de nombreux salons perdent de l’argent en coupant les hommes ! »

 

La productivité à tout prix

C’est pourquoi Morgane se bat pour l’application de prix égaux pour tous et toutes. « Même si vous devez perdre quelques clients en augmentant vos prix pour les hommes, cette approche peut rester financièrement avantageuse. Elle vous permettra peut-être aussi de devoir travailler un peu moins dur et de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée. Mais beaucoup de coiffeur·euse·s restent toutefois ancré·e·s dans la culture de la productivité à tout prix et finissent par s’y perdre, avec souvent des problèmes physiques et mentaux à la clé. Plus les professionnel·le·s de la coiffure travailleront avec des prix à l’heure, plus les client·e·s respecteront notre temps. En arrivant en retard, ils ou elles perdront un peu de leur temps et y réfléchiront donc sans doute à deux fois. Chacun·e applique bien sûr les tarifs qu’il ou elle souhaite, mais pour nous, cette formule fonctionne parfaitement. »

 

Copyright couverture : Christine Smeyers - Soul Studio